Dies Contemptio (2)
Voici le deuxième épisode ! J'espère qu'il vous plaît ! N'hésitez pas à faire suivre cet article ou même le blog tout entier si ça vous a plu ! :)
- Mademoiselle ! La sorcière rouge !
Eyma, déjà réveillée par son rêve, reprenait ses esprits, assise sur son lit. Le mot de sorcière rouge la fit sursauter.
La
sorcière rouge était une légende dans les environs. On racontait
qu'elle s'attaquait aux villages et aux châteaux car elle détestait les
hommes. Elle venait, laissait une trace amère de cendres dans les
villages qu'elle faisait brûler, et une rivière de sang dans les
châteaux. Les rumeurs disaient qu'elles détestait les paysans, mais
qu'elle faisait preuve d'une cruauté et d'une férocité à l'égard des
nobles qui était sans bornes. On racontait même qu'avant de les tuer,
elle les torturait d'une horrible façon. Elle n'épargnait ni les femmes,
ni les enfants. On ne savait pas à quoi elle ressemblait, mais des
paysans affirmaient avoir vu la silhouette d'une femme dans les flammes
qui avaient brûlé leurs maisons. La sorcière avait hérité son nom de
la traînée de sang qu'elle laissait derrière elle. Mais le plus
effrayant, ce n'était ni sa cruauté, ni sa force, c'était le fait que
personne ne connaissait ses motivations. Elle venait, vidait le château
de ses habitants mais ne touchait à rien : ni aux meubles, ni à l'or.
Elle ne volait pas, elle ne prenait pas les droits de ceux qu'elle venait de tuer, elle ne travaillait pour personne, l'absolu
hasard avec lequel elle choisissait ses cibles et la rigueur avec laquelle elle s'appliquait à ne laisser aucun survivant montrait bien qu'elle ne
cherchait pas vengeance. C'était le mal incarné, pure et simple idée du
mal comme on s'en fait bien souvent l'idée : né sur Terre pour affliger les
hommes de tous les maux, par pur caprice des dieux. Personne ne pouvait
comprendre la sorcière rouge, alors tout le monde la craignait.
Et
la femme de chambre d'Eyma venait d'entrer pour lui
dire que c'était bien elle qui était aux portes du château, de son château, de sa maison, de sa chambre.
Eyma
se leva d'un bond et alla voir à la fenêtre. Le village était devenu
une immense torche qui éclairait les ténèbres de la nuit.
La
domestique venait la chercher pour l'emmener vers une cachette sûre.
Toutes les femmes de la cour y étaient déjà, ou étaient en chemin. Il
fallait la suivre. Les hommes les protégeraient. Son père et ses frères
avaient tendu une embuscade à la sorcière rouge. En attendant qu'ils lui
règlent son sort, il fallait se cacher.
- Non.
Eyma
ne voulait pas y aller. Elle avait l'impression que cette cachette
n'était pas plus sûre qu'une autre, et que cachée dans un placard ou posée au milieu de la
pièce, c'était la même chose. Et puis elle voulait tenter quelque chose.
Se terrer et attendre dans la peur, ça n'était pas vraiment dans ses manières.
Elle n'avait ni mère ni sœur avec qui trembler. Personne ne la
laisserait affronter la sorcière rouge ; tout ce qu'elle pouvait faire
c'était fuir, fuir loin. L'éclair de résolution qui passa dans les yeux
d'Eyma persuada sa femme de chambre bien mieux que toutes ces
explications. Eyma lui proposa de venir avec elle, mais la vieille était
bien trop effrayée. Eyma lui donna mille raisons, mais ne put la
convaincre. Elle s'enfuit seule.
Dieu
seul sait pourquoi, mais Eyma réussit à traverser le château sans
croiser la sorcière rouge. Elle ne vit personne : tout le monde était
caché, et tremblait au moindre bruit. On attendait le monstre, terré
dans la peur. Pas de traces non plus de son père ou de ses frères. Elle
prit soin de ne pas prendre le chemin de la grande porte. Bientôt, elle fut
dans les jardins et, se faufilant dans la tour des gardes, elle put passer les remparts et enfin
quitter la maison de son père.
Il
fallait, à présent, traverser le village. La panique régnait ; la
plupart des maisons étaient en feu, certains villageois aussi. Beaucoup criaient, courant dans tous les sens, pleuraient sur des
cadavres et se laissaient mourir pour ne pas survivre seuls. La
poussière était rouge sang et l'avenue principale elle-même était
impraticable. À droite, du sang et du feu. À gauche, des cadavres et des
ruines. Eyma se faufila dans les rues isolées, tâchant de se faire
remarquer le moins possible, mais dans cette panique, ce n'était pas difficile. Tout le monde semblait être la proie d'une peur d'autant
plus effroyable que la menace était irrationnelle et puissante.
Impossible de savoir quand, pourquoi, comment, la sorcière rouge allait
frapper. Personne, dans le village, ne s'attendait à être attaqué et
c'était peut-être ça qui les rendait fous.
Eyma,
que le danger rendait étrangement lucide, passa à travers ce
gigantesque incendie et se réfugia dans la forêt. Elle grimpa sur une
colline proche et de laquelle on pouvait voir le château. La lune était
splendide ce soir-là. Elle éclairait tout le château et elle permettait
même de voir des ombres. Elles passaient devant les fenêtres... et
tombaient. Bientôt, Eyma n'en n'aperçut plus aucune. Une silhouette se
hissa jusqu'en haut du donjon et on entendit un rire lugubre percer les
ténèbres ; le rire d'un démon.
Eyma était seule, maintenant.
Elle
se retourna pour fuir ce fléau et sentit quelque chose de froid sur sa
peau, dans son dos, sous son omoplate gauche. Puis elle sentit quelque
chose de froid dans sa peau, dans son sang, dans sa chair. Elle baissa
les yeux et vit du sang.
- Oh, mon Dieu...
- Vous
êtes coupable, ma chère, comme tous les autres. Et je rendrai ma
justice pour les dieux. Estimez-vous déjà heureuse de mourir si vite...
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