La fille de l'air (5)

J'aimerais faire les choses plus sérieusement et écrire des histoires qui vous intéressent vraiment. Aussi, ça me ferait vraiment plaisir d'avoir un petit commentaire avec votre avis sur cette histoire-ci. Ça me permettrait de m'améliorer et de vous proposer des choses plus intéressantes.

-J'ai pris ma décision.

-Ne te répète pas et parle, plutôt.

-Je vais suivre le vieux;

-O-Q-U-U-A-O-I-I-S !-?

-Ne parlez pas en même temps ! Qu'est-ce que tu dis Eni ?

-Pourquoi ? Tu vas où ? ou plutôt, on va où ?

-"On" ne va nul part. "On" se sépare ici. Tu m'as suivie depuis trop longtemps. Cette histoire ne t'as jamais regardé, cette histoire ne te regarde plus.

Eni pria, Eni supplia, rien n'y fit. Ara était décidée. Elle allait partir avec Djou et le vieux et laisser Eni là. Elle ne voulait plus avoir à faire à lui. Et le perdre, lui, au milieu de cette forêt, c'était être sûre que son père ne la retrouverait plus jamais.

Le départ était décidé pour l'instant même. Eni n'eut pas le temps de faire un discours aussi pathétique que convaincant pour la persuader de le laisser venir avec elle encore un peu. Ara ordonna à Eni de rester là, ou bien de faire demi-tour. En un mot, de ne pas les suivre. Ils se dirigèrent vers les collines, quittant définitivement la forêt où ils abandonnaient Eni.

Bien sûr, dire à Pandore de ne pas regarder dans la boîte, c'est la forcer à l'ouvrir. Eni les suivit. Djou le repéra la première. Elle s'éclipsa discrètement et le rejoignit.

-Ça suffit maintenant.

Au moment même où elle prononçait ces mots, elle le frappa derrière la nuque. Eni, étourdit, fut paralysé instantanément. Il se sentait ankylosé, il voyait des étoiles tournoyer autour de lui, il ne sentait plus son corps. C'était comme s'il était cet esprit enfermé dans la télévision ; il n'avait plus de prise sur la réalité et ne faisait plus qu'observer bêtement. Il avait bien conscience qu'il ne pourrait pas lutter très longtemps. Djou le laissa, persuadée qu'il était déjà assommé, et retourna vers Ara, qui n'avait rien vu.

Ils étaient arrivés sur un pont. Le vieux marmonna quelque chose dans sa barbe et un immense disque apparut dans les airs. Eni comprit vaguement qu'ils allaient s'en servir pour se téléporter ailleurs, mais ce genre de procédé coûtait les yeux de la tête, et il se demandait comment il était possible qu'un homme d'apparence aussi pauvre puisse invoquer une magie aussi coûteuse. Seuls les membres de la famille royale étaient connus pour pouvoir utiliser ce genre de science.

Eni voulait les suivre. Eni voulait les suivre d'autant plus qu'il avait un mauvais pressentiment.

Ils passèrent tous les trois le portail. Eni retrouva alors suffisamment ses esprits pour pouvoir bouger. Il se leva péniblement, les jambes toujours ankylosées, s'approcha prudemment et traversa au dernier moment, pour ne pas se retrouver en tête à tête avec ceux qu'il suivait de l'autre côté.

Il arriva dans une grotte. Le plafond, immense, faisait résonner le silence du tunnel qui semblait sans fin. Il ne voyait plus ceux qui l'avaient précédé, mais il entendait leurs pas.

Tout d'un coup, ce furent des cris. Eni reconnut distinctement la voix d'Ara. Elle avait besoin d'aide.

-Traîtres !

Ce mot raisonnait d'une façon gigantesque sur toutes les parois de la grotte. Eni se jeta à leur poursuite. Il se trouva bientôt nez-à-nez avec le petit groupe. Le vieux était en fait un soldat sauvagement entraîné, et Djou avait sorti ses épées. Une douzaine de gardes les soutenaient. Ara était entre leurs mains. Eni n'eut pas besoin d'explication pour comprendre que tout ce petit monde était à la botte de son père, et que, sous couvert de la cacher, ils voulaient la ramener.

Eni prit son courage à deux mains, ils se sentaient prêts à tous les assommer et à s'enfuir aussi rapidement que possible avec Ara.

Mais au moment où il dessinait ce joli dessein, tout devint noir.