Épiphanie (4)

Je suis désolée, cet épisode devait sortir plus tôt (beaucoup plus tôt) mais j'ai eu un mal fou à l'écrire... C'était comme essayer d'attraper une savonnette quand on a les mains mouillées ; abominable. Payez-moi en patience, je ne travaille pas pour l'argent...

Résumé :
Après la mort de sa mère, Demès s'est enfoncée dans la forêt en quête d'une nouvelle maison. Perdue, elle s'est retrouvée nez-à-nez avec une créature mystique et puissante : un dragon.




Le dragon n'avait pas réagit quand il avait entendu Demès rire. Il l'avait laissée faire. Doucement, elle reprit son calme.
- Sommes-nous loin de la prochaine ville ?
- Nous nous trouvons précisément au cœur de la plus dense forêt de tout le royaume. J'ai moi-même choisi cet endroit parce que, vu du ciel, il est tout aussi difficile de le trouver que lorsque vous autres humains arpentez son sol.
Demès sembla intriguée.
- Vous vous cachez ?
Le dragon laissa tomber son souffle puissant sur la jeune aveugle.
- Non, je ne me cache pas... Connaissez-vous donc l'histoire de ces contrées, oui ou non ? On dirait que vous êtes restée enfermée dans une tour d'ivoire toute votre vie...
- Non, je suis restée ici, je vivais dans la forêt. J'écoutais le murmure du vent dans les feuilles et les échos de la vie. Ceux-là me disaient la vérité, la seule et unique vérité qui vaille la peine d'être sue... Ma mère m'a raconté beaucoup de contes, mais ce sont des contes et je ne les ai jamais crus. Elle m'a parlé de nombreux royaumes, elle m'a décrit des villes, des campagnes, des champs, des vallées, mais moi, mon royaume à moi, c'est la forêt.
Un sifflement agréable parvint aux oreilles de Demès. Le dragon l'avait laissée parler en observant un silence religieux.
- Je vous apprendrai donc ce que vous ignorez et pourtant, je ne suis pas un des vôtres... J'attends dans ces bois, patiemment, la fin de votre espèce... Nous, dragons, savons depuis longtemps que vous autres humains ne pourrez sombrer que sous votre propre main. Vous êtes trop faibles pour qu'on se donne la peine de vous écraser nous-mêmes. Nous avons prophétisé tout ceci il y a bien longtemps, mais les signes ne trompent pas et bientôt, oui, bientôt, nous régnerons en maîtres sur ces terres que depuis trop longtemps vous nous volez...
- ... Mais, pardonnez-moi si ma question est déplacée, il y a quelque chose que je ne comprends pas...
- Quoi donc ?
- Eh bien, les dragons aiment les trésors, non ?
- Oui. Bien évidemment, qui pourrait les détester ?
- Mais ces trésors, ce sont les humains qui les fabriquent, je me trompe ?
- Oui, enfin, les trésors sont aussi symboliques tu sais...
- Ah, alors l'histoire du dragon dans la montagne qui dormait dans l'or, c'est symbolique ?
- Heu... non. Ce trésor là n'était pas symbolique, non.
- Et qui avait brûlé un village entier juste parce quelques aventuriers étaient venus pour tenter de lui voler un tout petit caillou parmi sa montagne d'or ?
- Non ! Ce n'était pas symbolique. Il tenait vraiment beaucoup à cet or... Ça l'a rendu détestable, d'ailleurs.
- Et l'histoire du dragon qui avait tué son père pour lui voler son trésor et qui ensuite a été tué par son frère qui lui a repris, c'est symbolique ?
- Non, celle-là non plus, n'est pas symbolique...
- Et celle...
- Ça suffit maintenant !
Demès ne comprenait pas. Il n'y avait, au fond de ces bois, pas la moindre trace du quelconque trésor et l'humanité, qu'il semblait tellement détester, était sur le point de disparaître. Pourquoi restait-il donc ici ? pourquoi jouer les ermites, cachés au fond d'une forêt où seuls quelques aventuriers et une orpheline aveugle s'égaraient une fois toutes les décennies ? Ce qu'il voulait taire, il fallait qu'il l'articule. Et parce qu'elle se posait seulement la question, la réponse vint la trouver d'elle-même.
- Vous cherchez le trésor lié à notre...
D'un rugissement terrible, le monstre l'arrêta net. Elle en savait trop à présent.
- Au moins ta mort ne sera plus innocente...
Il se préparait à l'empaler sur ses puissantes dents mais Demès, par réflexe, s'en sachant capable sans jamais l'avoir fait face à un ennemi aussi effroyable, stoppa son élan au moment même où elle sentait le contact brûlant de l'émail sur sa peau. De même que les loups n'approchaient jamais sa cabane du temps où sa mère vivait encore, Demès ne laissa pas le dragon la dévorer. Il recula lentement et ne dit rien, n'essaya rien. Si étrange que cela fût, il ne pouvait lutter contre sa volonté.

D'un seul coup, Demès se sentit saisie à bras le corps puis déposée contre une peau écailleuse.
- Qu'est-ce que vous voulez ?
Le dragon se mit en marche, d'un pas lourd et imposant. À écouter le bruit de ses pas, elle voyait sa musculature gigantesque et sa force titanesque. Elle ne pouvait pas descendre. Il avait du mal à passer entre les arbres et Demès devait continuellement rester collée contre lui pour ne pas subir la pression des branches.
- Qu'est-ce que vous voulez de moi ? où m'emmenez-vous ?
Pas de réponse.

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