Épiphanie (2)

Je me suis rendue compte, en regardant la date du dernier post, que je manquais à tous mes devoirs... Aussi, j'ai décidé de profiter de cette belle journée fériée pour publier la suite de l'Épiphanie !
Je vous renvoie à l'épisode 1, pour qu'on puisse repartir d'un bon pied !

Demès attendit, mais sa sœur ne vint pas.
Les rêves continuèrent. Demès voyait la vie de sa sœur à travers ses yeux. C'était étonnant et... puissant. Elle ne savait même pas pourquoi elle voyait tout ça. D'ordinaire, elle contrôlait tout ce qu'elle faisait. Cette sœur était un chaos.
Elle la voyait courir dans les bois, le sourire aux lèvres. Elle la voyait jouer avec les papillons, rire sous le soleil...
Elle la voyait affronter sa propre famille pour imposer sa pensée.
Elle la voyait observer l'amour sans le comprendre.
Elle la voyait pleurer dans l'obscurité.
À chaque fois, Demès aurait voulu être là. Elle aurait voulu rire avec elle, danser avec elle, souffrir avec elle. Tout ceci était très dur à supporter, mais Demès ne perdait pas courage. C'était une épreuve envoyée par les dieux ; elle saurait, le moment venu, pourquoi on lui avait imposé cette épreuve.
Demès continua de raconter ses rêves à sa mère, mais celle-ci ne partageait pas sa joie. La vieille femme, fatiguée par une vie de souffrance et de pauvreté ne supportait pas ces récits. Demès arrêta.
Toutefois, il était déjà trop tard.
Un jour, la mère de Demès se dit très fatiguée. Elle s'allongea pour faire une sieste et ne se releva plus jamais.
Demès désobéit, elle fit éclater la nature dans tout son éclat et offrit les mets les plus savoureux à sa mère qui se mourrait. Elle lui construisit un lit des plus confortables et combla les trous qui perçaient dans le toit. Elle resta nuit et jour à son chevet et assouvissait son moindre désir. Bientôt, ce serait un bonheur qu'elle ne pourrait plus atteindre.
Sa mère lui avoua, d'une voix faible, qu'elle ne savait pas que sa fille était capable de pareils miracles.
Et Demès lui susurra que les dieux pensent toujours à nous, qu'ils veillent toujours sur nous et que ces souffrances prendraient bientôt fin. Il existait une rédemption sur cette terre. Sa mère sourit.
C'est ce jour précis que Demès comprit que sa mère était condamnée. Affligée, elle n'abandonna pourtant pas son ton aimant et joyeux. Demès était comme ça, elle n'aimait pas désespérer. Face aux réalités les plus dures, elle se tenait droite et toujours vainquait.
Sa prédiction se réalisa et bientôt sa mère mourut.
Demès pleura. Et puis elle partit confier le corps de sa mère aux élas des flots du fleuve tout proche. Personne ne devait trouver sa tombe. Elle écouta le paquet glisser contre les roseaux du rivage et puis doucement se laisser porter par les eaux. Au loin, des corbeaux chantaient.Elle était seule maintenant.


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