Dies Contemptio (17)
Ça fait longtemps que je n'avais rien publié, je m'en excuse. Cependant, je dois vous faire mes excuses tout en vous prévenant : je n'aurai pas beaucoup de temps dans les prochaines semaines, alors il va falloir attendre un peu avant d'avoir la suite car, même si je ne publie rien, je ne vous oublie pas, je n'oublie pas Ara, Eyma et Eni qui attendent eux-mêmes de connaître la fin de leur histoire. Ils reviendront, c'est certain.
Résumé des épisodes précédents :
Eni, ami d'Ara, qu'on surnomme à présent "sorcière rouge" dans les campagnes, cherche à faire revenir la jeune femme à la raison : tuer tous ces innocents ne réparera pas les crimes de sa famille. Il la cherche désespérément depuis le jour où elle a tué son propre père, abandonnant Eni du même coup. Le jeune homme est convaincu de l'innocence d'Ara, et ce même si Eyma lui a dit ses quatre vérités : il ne la protège que par intérêt et ne veut pas voir la vérité en face.
Eyma avait laissé Eni complètement
abasourdi. Elle l'avait mis devant les faits. Pour la première fois
depuis que tout ceci avait commencé, Eni se rendait compte qu'Ara ne
pouvait pas être pardonnée et que si lui oubliait toutes ses
fautes, si pour lui elle n'avait jamais cessé d'être cette jolie
demoiselle qu'il avait accosté dans un bar à nouilles, alors ça
voulait dire que...
-Eni, j'ai des choses à te dire.
Il reconnut tout de suite cette voix.
Il se tourna lentement sur lui-même, il n'arrivait pas à le croire.
Ara était là, devant lui et c'est à lui qu'elle parlait. Elle
avait maigri, ses yeux étaient caves et ses mains... ses mains
étaient rouges sang. Du poignet au bout des doigts, sa peau
conservait la trace de son crime.
-Ara !
Il voulut se jeter sur elle, la prendre
dans ses bras, la rassurer, lui dire que tout allait bien se passer,
que d'ailleurs il ne s'était rien produit et qu'ils pouvaient
s'échapper, disparaître et vivre heureux. Mais Ara esquiva d'un
léger mouvement les bras ouverts d'Eni, le regarda droit dans les
yeux et lui dit :
-Tu ne comprends pas, Eni. Tu n'as
jamais compris et tu ne comprendras jamais... Se marier n'est pas le
rêve de toutes les jeunes filles...
Elle esquissa un sourire, une larme
coula sur sa joue. Eni saisit sa chance.
-Alors tant pis ! Tant pis pour le
mariage ! Trouvons-nous un coin sympa, comme tu l'avais fait, tu
sais très bien qu'on peut disparaître facilement tous les deux !
Laissons le monde tourner ! Tant pis pour eux ! Tu es
libre, Ara, ne transforme pas cette liberté en monstruosité. Je
t'en prie, je t'en supplie, Ara...
Elle prit un air plus grave.
-Eni, et celle qui naîtra après moi ?
Tu le sais, ce n'est pas parce que je suis partie de chez moi qu'il
n'en naîtra pas d'autres....
-Ton père est mort, Ara ! La
prophétie s'est accomplie, c'est fini maintenant !
-Comment peux-tu le savoir ? Qui
es-tu pour l'affirmer ? Cette « prophétie »
personne ne l'a jamais formulée clairement. Toi, Nepos, vous m'avez
toujours dit que c'était mon « destin ». Et vous vous
êtes sagement tus à la chute de la tête de mon père. Non, Eni, je
ne peux pas me retirer comme ça. Un grand pouvoir implique de
grandes responsabilités. Je ne peux pas prendre le risque de laisser
naître encore quelqu'un qui sera sacrifié jusque parce qu'elle est
née.. Retire-toi de cette affaire. Eni, va-t-en ou je devrais
prendre des mesures ! Je ne peux pas te laisser intervenir. Si
tu veux m'aider, je veux bien te prendre avec moi mais si tu as
encore dans l'idée de te mettre en travers de ma route...
-Tu dis n'importe quoi ! Je te
défendrai, même contre toi ! Tu n'as plus tous tes esprits !
Est-ce que tu fais encore ces cauchemars ? Je suis sûr que ce
sont ces fantômes qui te manipulent !
Ara plissa les yeux de colère. Cette
réponse ne lui plaisait pas du tout.
-Si tu n'es pas mon allié... tu es mon
ennemi !
Une ombre tomba sur la ruelle. Des
formes étranges montaient sur les murs. Eni se sentait mou, flasque.
Il avait l'impression de fondre.
-Ara ! Non ! Ne fais pas ça !
-Je fais ça pour ton bien, Eni... tu
seras mille fois mieux là où tu vas.... Ne t'inquiète pas...
Sa vue commençait à se brouiller. Il
ne voyait plus le fond de la ruelle, les murs s'éloignaient, le sol même
perdait de son aspect sûr et solide ; il ne sentait plus ses
pieds sur la pierre des pavés... Le ciel, depuis longtemps, avait
disparu. Alors, de peur de deviner ce qui allait arriver, il voulut
la voir une dernière fois. Il la regarda. Une larme coulait sur sa
joue. Il voulut aller la rattraper au coin de son yeux, l'arrêter du
bout des doigts mais il n'avait plus de force. Il se sentait partir,
partir...
Alors, avant que la réalité ne
devienne plus qu'un mauvais souvenir, il hurla de toutes ses forces :
-Ara je t'aime !
Elle n'entendit qu'un murmure mais elle
savait à quoi s'en tenir. Le dernier reflet d'Eni s'était effacé
dans les rayons de l'aurore. L'émotion qui l'affectait quelques
secondes auparavant s'envola et elle disparut dans ce qui restait d'obscurité, avant qu'on ne lui
pose des questions.
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