Dies Contemptio (15)

Hey ! Aujourd'hui, j'ai fait comme les écrivains américains, qui écrivent dans les cafés ! Et vous savez quoi ? Je préfère les bibliothèques, pour travailler.






Résumé des épisodes précédents :
Eyma, orpheline, cherche à venger la mort de sa famille. Elle poursuit la sorcière rouge pour lui faire payer ses crimes et s'était associée à Eni, un ami de cette dernière, pour la trouver. Quand elle réussit enfin à rencontrer son ennemie, celle-ci lui donne un ultimatum : Eyma a soixante jours pour prouver à la sorcière rouge que leur famille n'est pas maudite et qu'elle ne fera plus jamais couler le sang d'innocents. Passé ce délai, elle mourra comme tous les autres... et plus rien n'arrêtera la justice aux mains rouges.















Quand Eni arriva dans la ruelle, Eyma était seule. Elle avait le teint pâle et les yeux pleins de colère.
-Eyma... ça va ? Tu as vu Ara ?
-... Non. Je ne l'ai pas vue. Elle n'est pas passée par ici.
À voir l'expression sur le visage de la jeune fille, Eni se rendit soudain compte qu'il s'inquiétait plus pour Ara que pour Eyma. Il s'était précipité pour sauver Ara, pas pour porter secours à Eyma. Il voyait en cette dernière la meurtrière de celle qu'il ne voulait pas voir mourir. Elle avait les raisons et les moyens de tuer Ara. Il ne réussirait jamais à l'empêcher de commettre ce meurtre. Dans la lumière du petit matin, elle avait l'air dangereuse.
Sans savoir pourquoi, d'un coup, il explosa. Il ne pouvait plus soutenir son regard, se tenir à côté d'elle. Peut-être était-ce la fatigue, peut-être était-ce le fait qu'il priait depuis le jour fatal de la mort du roi que personne ne poursuive Ara. Elle représentait toutes ses craintes et il ne pouvait pas les regarder en face. Il mit Eyma devant les faits, lui rappela son passé, sa promesse de vengeance. Il lui reprocha de lui avoir menti et d'essayer de tuer Ara, alors qu'elle n'y était pour rien. Il ne pouvait pas se mentir, il ne pouvait pas la manipuler. Il ne se sentait pas de taille à l'arrêter.
Eyma fit face à toute la vérité. Ça lui faisait mal d'être découverte aussi tôt. Elle se demandait comment il avait fait pour apprendre tout ça, mais comment pouvait-elle douter du fait qu'il finirait tout par savoir ? Elle ne comprenait pas ce qu'il trouvait à Ara, pourquoi il la défendait avec autant de naïveté, autant d'innocence. Cette simplicité l'agaçait et elle n'avait plus le temps de faire des courbettes. Elle avait soixante jours pour prouver que sa famille n'était pas mauvaise, qu'elle ne méritait pas d'être anéantie. Ce simplet trop optimiste l'énervait. Elle avait un truc dans la poitrine qui allait la tuer. Elle n'avait plus le temps.
-T'as raison, je t'ai utilisé ! Je t'ai menti ! Oh, pauvre de toi, petit être trahi ! Mais je ne l'ai pas tuée, ta princesse rose ! Elle est vivante, ne t'inquiète pas ! Et sous prétexte que les dieux ont tiré à la courte paille, elle fait la loi, elle tue sans se préoccuper des conséquences de ses actes ! Elle est bien maudite, cette jeune fille ! À peine entrée dans le cercle des responsabilités, elle se réfugie dans la haine, elle joue les enfants gâtés ! Elle tue ! Et toi, bonne pomme, tu veux lui inventer des excuses, la transformer en martyr ! N'importe quoi ! Que ce soit de ma part ou de celle de n'importe qui, elle mérite de mourir et tu ne peux pas m'empêcher de vouloir sa mort !
Eyma ne savait pas faire apparaître de cercle, comme la sorcière rouge, comme Eni, alors d'un mouvement aussi violent qu’inattendu, elle souleva la poussière de la ruelle, la rendant invisible à tous ceux qui s'y trouvaient. Elle devait prouver que sa famille pouvait être sauvée. Elle était convaincue de son innocence. Ce n'est pas parce qu'elle n'avait rien fait pour aider une inconnue victime de la tradition que tous étaient coupables. Elle savait que la sorcière rouge la retrouverait en temps et en heure. Elle n'avait plus besoin d'Eni. Il n'avait qu'à la chercher tout seul. Aux yeux d'Eyma, il ressemblait à ce plombier qui cherchait sa princesse dans des mondes plus incroyables les uns que les autres, sans jamais la trouver. À cet instant précis, sa pierre venait d'arriver en haut de la colline. Eyma allait la faire tomber en bas. Et il recommencerait à la pousser pour la faire remonter. Sysiphe a l'éternité pour s'amuser à ce petit jeu. Eyma avait soixante jours. Et Eni n'avait pas besoin d'aide pour faire tomber son caillou.



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