La fille de l'air (20)

 La fille de l'air à vingt épisodes ! Je pense que ça doit changer beaucoup de gens qui passaient par ici de suivre une histoire aussi longue. Je ne veux pas voir cette histoire idiote comme une nouvelle idiote à proprement parlé, mais plus comme un calendrier de l'avent... tous les jours mais sans chocolats. Vous voyez ? Ce n'est pas un roman que je vous écris, c'est une nouvelle idiote, tous les jours. Une nouvelle idiote qui traîne, je vous l'accorde, mais c'est le but des grandes histoires, non ?
Rassurez-vous, un commentaire et pouf' ! J'obéirai.




Ara et Eni s'étaient installés à l'écart. Le serpent avait l'air de les avoir remarqués, mais il les laissait tranquilles. Les fruits d'or étaient sa seule préoccupation.
- Je me demandais... Ara... non, attend. C'est débile.
- Quoi ? Non ? Bon, alors à moi de te poser une question : depuis quand t'es claustrophobe ?
- Et toi depuis quand tu sais ça ?
- Nepos avait un disque.
- Donc tu voyais ?
- Oui.
- Tu sais ce qui m'a permis de me relever ? Je t'ai entendue.
- Je m'en doutais. C'était le but.
- Tu veux dire ?
- Ouais.
- Oh, c'est trop fort...
Comme le monstre ne dormait pas, il fallait créer une diversion. Ils commencèrent à discuter du plan à adopter. Eni proposa qu'Ara parte devant, fasse semblant de vouloir prendre les pommes, ce qui distrairait le monstre. Pendant ce temps, lui passerait dans son dos pour les voler vraiment. Ara n'était pas d'accord. Elle ne serait jamais assez habile pour occuper cette bête énorme toute seule. Non, selon elle, ils devaient y aller de front tous les deux. Le monstre ne pourrait pas s'occuper d'eux deux en même temps. Donc, un coup c'est elle qui prend une pomme, un coup c'est lui. Une fois le panier rempli, ils courraient tous les deux dans deux directions différentes et semaient le serpent en traversant un disque.
- C'est bien trop dangereux ! Si le monstre attrape l'un de nous deux, l'autre ne pourra pas venir l'aider !
- C'est pareil pour ton plan !
- Mais non, puisque je reste caché ! J'aurai le temps de prendre les pommes, de les poser plus loin et de revenir te chercher pendant que le serpent cherchera ses pommes !
- En supposant que je tienne jusque là ! T'as vu la taille de ce truc ? Au château, on apprend aux petites filles à valser, pas à faire valser !
La fatigue commençait à se faire sentir. Une dispute s'éleva. Au début, ce ne furent que de gentils échanges, comme ceux-ci, et puis le ton monta... Ils finirent par crier si fort que même le monstre tendait une oreille pour les écouter. Nepos, qui observait la scène, était assez décontenancé. C'était la première fois qu'il les voyait se disputer comme ça. D'ordinaire, Ara aimait bien taquiner Eni, et lorsqu'il se prenait au jeu, ils finissaient toujours par rire ensemble. Mais cette histoire de monstre et de pommes avait l'air de les avoir mis sur les nerfs. Tous les deux voulaient s'assurer de ne pas avoir à faire face au monstre, ce qui, bien évidemment, était impossible.
Leur dispute finit tout de même par devenir aussi grosse que cette bête qu'ils ne voulaient pas affronter. À force de parler du monstre, ils en vinrent à dévier sur d'autres sujets, et c'est comme si toute la rancœur qu'ils avaient gardé pour jusqu'ici sortait tout à coup. Les mots devenaient de plus en plus durs. Le silence c'était fait autour d'eux. Même le monstre n'osait plus poser le pied par terre. Il s'était immobilisé et semblait les écouter, tout un gardant un œil sur ses pommes. La tournure de la dispute devenait de plus en plus stupide. Ils se reprochaient tout et rien, ce qui rendait la dispute encore plus grave. Ils avaient traversé toutes ces épreuves ensemble, mais quelque part, ils ne s'étaient jamais vraiment acceptés. Jusqu'ici, les désaccords avaient été mineurs, alors, pour garder une certaine entente cordiale, ils avaient fait semblant. À présent, leur sort dépendait de la résolution qu'ils allaient prendre et aucun d'entre eux n'avait envie de la prendre à la légère ou de laisser l'autre avoir raison pour maintenir une bonne entente qui n'avait plus lieu d'être.
- Qu'est-ce que tu aurais fait sans moi ?
- Peuh ! Je peux dire la même chose !
- Comme ça se croit important ! Et tu vas peut-être t'attribuer le vol des pommes maintenant ?!
Cette fois-ci, le monstre s'était peut-être penché un peu trop près. Au son de « vol des pommes », son esprit ne fit qu'un tour ; il se retourna et trouva l'arbre vidé de ses fruits. Il entra alors dans une colère terrible et le rugissement qu'il poussa fit trembler tout le bois.
- Nepos, on a les pommes, tu peux faire tomber le masque maintenant.
À ces mots, le monstre s'arrêta net et regarda Ara qui lui tendait un panier plein des pommes volées.

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