La fille de l'air (16)
Bon, jusqu'ici, tout va bien... je tiens mon pari :)
N'oubliez pas : si vous aimez cet article, j'aime les +1 et les j'aime ! ^-^
Nepos les accompagna chez
lui. Sa maison ressemblait déjà plus à une maison que celle de son
grand-oncle. En fait, c'était une sorte de petit manoir, comme si il
fut un temps où de riches aristocrates se retiraient ici pour un peu
de paix le temps d'un été. En regardant attentivement autour de la
maison, on reconnaissait les restes d'un jardin. Mais ça faisait
longtemps que Nepos vivait seul ici. Certaines pièces des étages
supérieurs avaient des trous dans le plafond. La plupart des
fenêtres étaient cassées. Nepos leur fit une visite du
propriétaire. Le lierre et les mûres sauvages lui tenaient
compagnies et finiraient bien un jour par avoir raison des murs de la
maison. Ils avaient envahis chaque parcelle libre et resserraient
chaque jour un peu plus leur étau.
-Mais t'as pas peur de
vivre là-dedans ?
-Pourquoi je devrais
avoir peur ? Toutes celles qui sont nées avant Ara vivaient
dans le même genre de maison : il fallait qu'elles s'attendent
à mourir du jour au lendemain, étouffées sous les décombres des
murs qui les avait fait grandir...
Nepos n'avait pas
grand-chose, mais il les invita à rester avec lui pour quelques
temps. Ara, mais Eni aussi, sentait bien qu'il y avait là un secret
à découvrir. D'abord, il y avait les disques d'Eni qui les avaient
transportés jusqu'ici. Ensuite, il y avait le vieux, qui avait
compris beaucoup plus de chose que ce qu'on avait bien voulu lui
expliquer. Enfin, il y avait le fait qu'Ara n'avait aucune idée d'où
elle se trouvait, ni de la façon dont elle pourrait bien retrouver
son chemin vers le château de son père.
Les premiers jours
étaient devenus des soirées interminables où ils se racontaient
leurs histoires. Mais c'était surtout Eni qui avait parlé. Ara ne
se sentait pas trop de raconter son passé, surtout après son rêve
de l'autre jour. Maintenant, la nuit, des bribes de souvenirs lui
revenaient en mémoire. Et devant ses yeux se dressaient les
histoires des jeunes files blanches. Elle voyait les corps, les
blessures, les tortionnaires... Parfois pendant quelques secondes.
Parfois, elle avait l'impression de revoir certaines images en
boucle. Et toujours, toujours, c'était le sang et la mort... Le
matin, elle se réveillait à peine reposée. Des cernes commençaient
à se dessiner sous ses yeux. Les nuits où les rêves étaient les
plus violents, elle n'arrivait pas vraiment à se débarrasser des
images pendant la journée et la passait sur un ton morose. Elle
traînait des pieds et disait qu'elle avait mal à la tête.
Une fois, elle s'était
réveillée en sursaut. Elle avait trouvé Nepos à son chevet, venu
pare qu'il l'avait entendue crier. Il avait un verre de lait dans les
mains. Ça n'allait pas effacer ce qu'elle avait vu, mais ça
calmait. Sans savoir pourquoi, elle se sentait proche de lui. Il
n'avait pas posé de questions, il montrait souvent sa compassion et
il ne demandait rien. Quand Ara avait commencé à le questionner sur
ce qu'elle était sensée faire là, il changeait de sujet, ou leur
disait de profiter de quelques vacances. Il voulait qu'elle se repose
un peu.
Nepos n'avait pas l'air
d'apprécier Eni. Il savait pourtant que lui aussi marchait dans les
nuages, mais c'était comme s'il s'était préparé à recevoir une
seule personne, pas deux, et surtout pas un homme.
Et ils attendaient, ils
attendaient. Entre Ara et Nepos, le courant passait bien. Ara
l'aidait dans les tâches quotidiennes, et ils passaient des heures à
discuter, comme deux vieilles copines qui ne se sont pas vues depuis
des lustres. Mais Nepos, vraiment, n'aimait pas Eni. Souvent, il ne
répondait pas à ses questions, il l'évitait, et plus le temps
passait, plus leur relation devenait tendue. C'est Ara qui y mit un
terme.
-Bon, Nepos, je t'aime
bien, mais j'ai l'impression que tu essaies de me retenir. Je ne peux
pas m'attarder plus encore ici. J'ai des choses à régler.
-Tes rêves hein ?
-...Oui, entre autre.
Donc j'ai décidé de partir demain. Qui sait ? Si tout fini
bien, je reviendrai peut-être te rendre visite.
-Bon écoute, tu ne peux
pas partir.
Eni était assis à
quelques mètres. Nepos se rapprocha d'Ara et lui glissa à
l'oreille :
-Il y a des choses que tu
dois savoir.
-Et tu ne me les dis
pas ?
-Je ne peux pas. Il
est là.
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