La fille de l'air (15)
Bonne année à tous !
J'ai pris une bonne résolution pour cette nouvelle année, mais je ne sais pas si j'arriverai à la tenir. Aussi, je l'ai prise juste pour ce mois-ci. J'espère qu'elle vous fera plaisir :)
Elle se réveilla en
sursaut. Son front était couvert de sueur.
- Ça va ? Un mauvais
rêve ?
- Ah... heu... oui,
quelque chose comme ça. Attend un peu, je reprend mon souffle.
- Ça fait une semaine que
tu dors. Tu es sûre que ça va ?
- Oui, je crois que j'ai
trop dormi, ça m'a fait rêver de trucs bizarres...
Ara avait la tête qui
tournait, elle ne sentait plus le lit sous ses jambes, elle
n'arrivait plus à s'appuyer sur ses mains pour se mettre debout. Eni
la retint avant qu'elle ne tombe et l'appuya contre le lui pour
qu'elle ne retombe pas, le temps qu'elle retrouve ses esprits.
- J'ai l'impression que tu
t'es décidée.
- Maudit rêve... Il a
raison...
- Qu'est-ce qu'il disait ?
- Je ne peux pas te le
dire. De toute façon, qu'importe ? Ça n'a aucune importance.
Je vais écouter le vieux, je vais aller voir son petit-neveu ou je
ne sais pas qui.
- D'accord, on partira
quand tu te sentiras plus sûre de toi. Je pense pas que tu puisses
te lev...
- Oh, je t'arrête tout de
suite.
- Non, c'est moi qui
t'arrêtes. Je ne t'ai pas demandé ton avis. Je ne t'ai pas dit que
j'allais te suivre. J'ai dit qu'on irait ensemble, ce n'est pas tout
à fait la même chose.
Ara avait retrouvé
quelques couleurs. Eni s'était levé pour préparer quelques
affaires. Le vieux leur donnait gentiment des vivres pour quelques
jours et des vêtements plus propres. Eni faisait avec soin de petits
paquets pour qu'ils ne les embarrassent pas. Un parfait homme à tout
faire. Il pourrait se révéler utile, se disait-elle, et puis
effectivement, s'il ne la suit pas... Elle avait deviné pourquoi lui
aussi voulait aller chez ce petit-neveu. Il devait se demander
pourquoi un fils de fille publique pouvait sauver la fille du roi en
faisant ce que personne ne savait faire. Ara se demandait pourquoi
est-ce que, dans les histoires, les héros étaient toujours mieux
que tout le monde. Elle ne se sentait pas meilleure, Eni n'avait pas
l'air mieux non plus. Il aurait pu se cacher dans une foule, et
disparaître.
- Et si on y allait ?
Elle en avait assez de
traîner. Elle se leva et sortit.
- Attends ! Si tu
crois que je vais porter ton sac.
Le petit-neveu,
apparemment, n'habitait pas loin. Il n'y avait qu'à suivre les
traces laissées par l'âne ; le vieux y faisait souvent des
allers-retours et, à force, il avait creusé un petit chemin.
- Alors comme ça tu t'es
décidée ?
- Je peux pas attendre que
cette situation se règle toute seule. Je dois faire quelque chose.
- De quoi tu rêvais hier
soir ?
- Je rêvais que j'avais
des règles abominablement douloureuses et abondantes.
- Oh, t'es dégueulasse...
- Je pissais le sang,
c'était pas beau à voir.
- J'avais pas besoin de
savoir ça !
- C'est toi qui as
demandé...
Ça les avait rapproché
ces histoires. Eni jouait les dégoûtés, mais si elle avait
continué, il aurait écouté jusqu'au bout.
- Bon, et toi, qu'est-ce
que que tu comptes faire chez ce petit-neveu ? Pourquoi on ne
connaît pas son nom au fait ? Bref, même si t'apprends à
mieux te servir de tes dons, à quoi ça va t'avancer ?
- Je sais pas... Je
pourrai devenir mercenaire et bien gagner ma vie !
- Tu faisais quoi avant de
quitter ta ville ?
- Je cirais des
chaussures. Passionnant.
Ils discutaient gentiment
lorsque quelqu'un tomba d'un arbre. Sur Ara.
- C'est pas sur moi, cette
fois !
- Qui êtes-vous ?!
Que faites-vous sur mon territoire ?!
Le type qui était tombé
se relevait. Il tenait fermement Ara par le bras. Il était plutôt
grand, brun, assez baraqué, mais il avait un air sérieux et motivé
imprimé sur le front. Plus que cette expression, c'était aussi le
fait qu'il montait la garde dans un arbre, sur un chemin que seul son
oncle prenait dans une forêt déserte qui montrait l'espèce de zèle
qu'il semblait avoir.
- Hm. Rien, on ne fait que
passer. Lâchez-moi ! Vous me faites mal ! On va chez un
petit-neveu, rendre visite, si vous voulez tout savoir.
- Un petit-neveu ?
Quel petit-neveu ? Au milieu de cette forêt ? Vous vous
moquez de moi ?
- C'est le petit-neveu du
papi qui habite pas très loin. On lui apporte une galette et un
petit pot de beurre.
- Oh, Eni, que c'est
drôle... Et vous, lâchez-moi !
- Oh, oui, pardon. Tout de
suite. Alors comme ça vous venez de chez mon grand-oncle ?
Comment vous avez trouvé la maison ?
- Attendez attendez. Je
sens qu'on va partir dans une histoire très longue, alors, avant,
j'aimerais bien savoir votre nom. Pour arrêter de vous appeler
« petit-neveu ». Ça va devenir compliqué sinon.
- Nepos.
- Nepos ?
- Non. Le s ne se prononce
pas.
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